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Intensification du Développement

Intensification du Développement de LittleCubes – Apprentissages Clés du Hackathon Médical "Défi Source"

Compétence(s) principale(s) illustrée(s) : Ce hackathon a été une occasion cruciale de mobiliser et de développer mes compétences cibles C1 (Empathie - Métier), C4 (Prototypage - Métier) et A6 (Implémentation - Sociale et personnelle), toutes stratégiques pour le projet LittleCubes. Il a également permis de mettre en pratique des éléments de mon contrat d'apprentissage, notamment l'apprentissage par l'expérimentation et la gestion de projets interdisciplinaires dans un contexte visant la commercialisation d'un produit innovant.


I. Introduction et Contexte du Hackathon

Le "Défi Source", un événement organisé par la Clinique de La Source, se proposait de trouver des solutions innovantes pour relever les défis actuels du secteur de la santé, notamment l'augmentation des coûts et la raréfaction du personnel soignant. Notre équipe LittleCubes y a participé avec des objectifs précis : d'une part, mieux appréhender les enjeux réglementaires entourant notre solution et, d'autre part, définir la stratégie d'intégration (onboarding) pour notre prochaine phase de test majeure qui impliquera 100 utilisateurs. Avant cet événement, LittleCubes était déjà en phase pilote avec 12 utilisateurs, mais l'enjeu était clairement de préparer le passage à une échelle supérieure. Ce hackathon s'inscrivait donc parfaitement dans les défis actuels de LittleCubes, notamment l'optimisation de l'expérience utilisateur pour ces 100 futurs testeurs et la préparation des démarches de certification et de remboursement. De plus, et ce n'était pas négligeable, c'était la toute première fois que l'ensemble de l'équipe projet se rencontrait physiquement, ajoutant une dimension de cohésion d'équipe importante à ce week-end.

II. Situation (avant et pendant le hackathon)

Avant le hackathon, LittleCubes avait déjà été entre les mains de thérapeutes pendant cinq mois dans le cadre d'un projet pilote. Un retour d'expérience majeur et unanime de cette phase concernait l'autonomie de la batterie. Alors que je développais l'outil chez moi avec un chargeur toujours à portée de main, la réalité du terrain était différente : les thérapeutes ont besoin que le cube dure toute une journée et n'ont pas le temps de le recharger entre les séances. Après des mois de travail acharné, nous avions enfin réussi à ce que la batterie tienne toute la journée. Cette avancée technique cruciale nous a permis de nous concentrer sur les défis suivants. Sachant qu'à ce stade, j'avais personnellement assuré l'intégration de chaque thérapeute en me déplaçant dans leur cabinet ou à leur domicile, ce modèle n'était clairement pas viable pour la phase des 100 participants. Mes objectifs spécifiques pour ce week-end étaient donc de définir le contenu de la boîte LittleCubes, la manière de proposer les cubes aux clients, et le business model associé, en particulier notre idée de location à 20 CHF/mois.

L'ambiance du hackathon était studieuse et conviviale, se déroulant dans un environnement assez inhabituel pour moi : une école de santé et un hôpital simulé. Ayant participé à de nombreux hackathons par le passé, celui-ci se distinguait par son approche moins "code intensif" et plus axée sur la réflexion stratégique. Pas de Red Bull ni de nuits blanches ici ; au contraire, nous avions droit à un petit-déjeuner sympathique, des interventions inspirantes le matin, des repas sains à midi et un apéritif convivial le soir. Entre les repas, nous avons mené des sessions de brainstorming très productives et animées. L'ingénieur que j'avais emmené avec moi n'a même pas eu besoin de sortir son ordinateur pour coder. Nous avons passé le week-end à discuter des business models, de la stratégie d'onboarding, et des voies pour obtenir le remboursement par les assurances. Dès notre arrivée, nous avons quitté la salle peu éclairée qui nous avait été assignée pour nous installer dans un atrium très lumineux et central (sans être un lieu de passage principal), ce qui a grandement facilité les échanges impromptus et productifs avec les coachs et mentors présents.

Lors du "pitch day" initial qui sélectionnait les projets pour le week-end principal, j'ai activement réseauté et pratiqué mon pitch. Mon coach pour cette première phase m'a d'ailleurs fait remarquer une stéréotypie gestuelle (un mouvement en forme de 8 avec mes pieds) que j'ai consciemment tenté de corriger par la suite.

III. Problème(s) / Défi(s) Rencontrés

Les défis que nous avons rencontrés durant ce week-end étaient moins d'ordre technique que stratégique, relationnel et organisationnel. L'un des enjeux majeurs était de parvenir à capter l'attention des experts clés et de maximiser le temps d'échange avec eux. Nous avons par exemple longuement attendu pour discuter avec un expert des assurances, mais une fois le contact établi, l'échange fut dense et très instructif.

Un autre défi, plus prosaïque mais chronophage, a été la gestion des nombreux formulaires requis par les organisateurs, avant et surtout après le hackathon. On nous a demandé de répondre à six questions détaillées à rendre pour le lendemain du week-end. Ayant privilégié l'avancement sur nos sujets stratégiques pendant l'événement, j'ai dû consacrer une grande partie de mon lundi à cette tâche administrative, ce qui a empiété sur mon mandat principal. C'est une frustration récurrente de me retrouver à remplir des documents qui m'empêchent de me concentrer sur la construction du produit lui-même, des documents qui, à mon avis, auront un impact limité.

Concernant le prototypage (C4), notre focus était sur le packaging et l'expérience de prise en main. Nous avons dessiné les écrans d'onboarding et rapidement prototypé une boîte pour les cubes – contenant le cube, un chargeur optionnel, un câble, et des petites cartes illustrant des exemples d'exercices (brossage des dents, habillage, etc.). J'ai veillé à ce que nous restions en basse fidélité, en utilisant des bouts de carton et des feuilles, sans recourir à des outils plus complexes comme la découpeuse laser ou l'impression 3D, appliquant ainsi les leçons que j'enseigne moi-même sur l'importance de ne pas se laisser piéger par la technique à ce stade.

Au niveau de l'implémentation et de la communication (A6), chaque pitch reste un apprentissage. Malgré de nombreuses présentations antérieures, j'ai encore beaucoup à affiner. Lors du pitch final, une mésaventure est survenue : la batterie de mon cube de démonstration était vide. Je l'avais chargée que quelques minutes avant de partir, ayant une confiance peut-être excessive dans notre nouveau contrôleur de charge et ayant perdu l'habitude d'emporter une batterie portable. Ce souci technique de dernière minute m'a déstabilisé. Bien que j'aie réussi à "ancrer mes pieds" pour éviter ma stéréotypie gestuelle, j'ai dû transmettre une certaine tension, car l'animateur a presque commencé le pitch à ma place. Lors de la session de questions-réponses, j'ai pu répondre avec aisance à la plupart des interrogations, ayant bien préparé les points clés. Cependant, à la question "où peut-on suivre le projet ?", j'ai simplement redirigé les milliers de spectateurs du livestream vers notre site web littlecubes.ch, qui ne contenait alors que le logo. J'ai ainsi manqué une opportunité précieuse de capturer une audience très pertinente (via emails ou suivi Instagram). Un autre feedback important est venu de Nicolas Loeillot de la CSS : il trouvait qu'il manquait toujours dans mes pitchs une explication concrète de l'utilisation du cube du point de vue d'un enfant.

IV. Ressources Mobilisées

Notre équipe principale pour ce week-end était composée de Victor, mon partenaire en électronique diplômé de l'EPFL, et de Florianne, une ergothérapeute extrêmement motivée et impliquée dans le projet. Florianne est une utilisatrice experte de LittleCubes, étant l'une des plus actives et engagées. Son regard médical et son expérience pratique (clinique, cabinet, création de sa propre méthode d'apprentissage de l'écriture, formatrice) ont été des ressources inestimables.

J'ai activement mobilisé mon réseau et ma capacité à interagir avec les experts présents. J'ai repéré très tôt Nicolas Loeillot, chef de l'innovation à la CSS, et je me suis assuré de pouvoir passer du temps avec lui pour comprendre les mécanismes de remboursement. J'ai fait en sorte qu'il déjeune avec l'équipe, et notre position centrale dans l'atrium nous a permis de bénéficier de ses passages pour des retours rapides, nous maintenant ainsi "top of mind". Nous avons également eu des échanges très riches avec des coachs en business qui nous ont aidés à affiner notre modèle de location, des experts en protection des données qui nous ont sensibilisés à la complexité de gérer des données personnelles sensibles dans le cadre médical (ce qui nous a conduits à envisager de positionner initialement le cube comme un outil non médical), et une cadre du conseil de direction du DGES (enseignement vaudois), qui a passé une demi-journée avec nous, au point que d'autres équipes pensaient qu'elle faisait partie de notre projet.

Cette expérience était en parfaite adéquation avec mon mode d'apprentissage expérimental, identifié dans mon contrat d'apprentissage. J'ai pu mettre à profit ma capacité à intégrer les dimensions technique, créative et business, même si je reconnais avoir encore une marge de progression sur l'aspect purement business, notamment la transition vers la facturation, qui suscite encore chez moi une certaine appréhension.

L'empathie (C1) a été une ressource fondamentale. Les interactions avec Florianne ont permis d'affiner considérablement notre compréhension des besoins des thérapeutes et des parents. Elle a aidé à articuler les propositions de valeur distinctes : pour les thérapeutes, LittleCubes améliore le rendement occupationnel (l'autonomie des patients), offre un outil qu'ils peuvent s'approprier avec un temps d'apprentissage réduit, et rend les thérapies plus ludiques en captant l'attention ; pour les parents, il facilite le quotidien et la création de rituels. Ces échanges ont directement nourri notre Business Model Canvas, que nous avons pu compléter et affiner grâce au contexte et aux informations recueillies durant le week-end, en identifiant et comblant les cases manquantes. Les retours utilisateurs antérieurs, notamment sur la batterie, avaient déjà été une ressource déterminante pour améliorer le produit (C4), nous permettant d'arriver à une version fonctionnelle pour toute une journée.

V. Actions Mises en Place

En amont du Défi Source, j'avais planifié le week-end avec mon coach business de GENILEM, Christophe Barraud. Nous avions établi un plan d'action pour avancer sur nos objectifs stratégiques : structurer les démarches réglementaires, viser un prototype simple de ce qui serait testé par les 100 prochains utilisateurs (définir les tests, les données à collecter pour démontrer l'impact, le plan expérimental), et présenter cette feuille de route lors du "D-Day".

Pendant le hackathon, une action clé a été l'intégration et la valorisation de l'expertise de Florianne. Pour renforcer son sentiment d'appartenance et répondre à un besoin qu'elle avait exprimé (une poignée pour une patiente hémiplégique), j'ai rapidement conçu et imprimé en 3D une poignée adaptée pour le cube entre les deux journées du hackathon. Florianne était ravie, ce qui a positivement impacté son engagement. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur le concept d'un "cahier de santé" numérique pour regrouper les informations patient (exercices, enregistrements vocaux, photos/vidéos). Si l'idée était pertinente sur le moment, j'ai réalisé a posteriori, en voyant que près de la moitié des autres projets présentés étaient des variations du dossier électronique du patient, qu'il était plus sage de nous concentrer sur notre cœur de métier (le partage d'exercices entre parents et thérapeutes) pour ne pas nous disperser sur un projet aussi vaste et concurrentiel.

Pour la communication et l'implémentation (A6), nous avons dû argumenter et justifier notre modèle d'abonnement auprès des coachs. La question récurrente des brevets a aussi été longuement discutée. Plusieurs experts, y compris un membre du jury, Antonin Soussan, nous ont fortement conseillé de déposer un brevet. Nous avons même échangé avec le cousin de Florianne sur son expérience en la matière. Cependant, informé des coûts (au moins 10 000 CHF pour le dépôt, potentiellement plus de 100 000 CHF pour la défense) et des avis d'entrepreneurs de mon entourage (comme le co-fondateur de Kiwibot, David Rodriguez) et de Julien Guex (directeur de la FIT), qui conseillent de privilégier la vitesse d'exécution, j'ai maintenu ma décision de ne pas déposer de brevet pour le moment, comme ce fut déjà le cas avant la première présentation du projet à l'ECAL. En lien avec mon cours Innokick sur les aspects réglementaires avec Kathlyn Minisini, qui soulignait l'importance du lobbying et d'arguments forts pour la prise en charge par les assurances, j'ai profité du Défi Source pour réseauter activement avec les parties prenantes du système de santé, comme le directeur de la Clinique de La Source, Dimitri Djordjèvic, et les représentants des assurances.

Concernant le prototypage (C4), la découverte de la grille d'évaluation GAS (Goal Attainment Scaling), utilisée par les ergothérapeutes pour évaluer la progression de leurs patients sur leur rendement occupationnel, a été une avancée majeure et presque fortuite. Florianne nous l'a présentée, et nous avons immédiatement compris qu'elle pourrait grandement faciliter l'évaluation de l'impact de LittleCubes de manière standardisée et reconnue.

VI. Résultats Obtenus (et Écarts)

Le Défi Source a été un catalyseur majeur pour LittleCubes. Les échanges avec des experts des secteurs de la santé, des assurances et de l'éducation ont été très enrichissants, nous apportant des clarifications essentielles. Nous avons affiné notre modèle d'affaires et abordé des questions cruciales de propriété intellectuelle et de cybersécurité. Concrètement, cette expérience nous a permis de structurer notre prochaine étape clé : le lancement du projet pilote avec 100 participants. Nous avons pu définir plus précisément nos propositions de valeur pour chaque public cible et penser au packaging pour l'envoi direct aux utilisateurs. L'apport de Nicolas Loeillot a été particulièrement précieux, nous éclairant sur les démarches de remboursement par les assurances et l'importance de quantifier notre impact (patient, thérapeute, société) via des objectifs SMART et une collecte de données rigoureuse, discutée avec des thérapeutes. Au-delà des aspects stratégiques, le week-end a offert une opportunité unique de rassembler l'équipe en présentiel pour la première fois pendant tout un week-end, renforçant notre cohésion et notre alignement.

Nous avons bien avancé sur nos deux sujets clés : la préparation pour la prise en charge des 100 prochains utilisateurs et la compréhension des mécanismes de remboursement par les assurances. Nous avons également progressé sur les méthodes d'évaluation, le packaging, et même sur le design de l'application. Un point négatif, ou du moins un quiproquo, a été la communication du Défi Source à d'autres thérapeutes par notre ergothérapeute référente. Deux d'entre elles se sont inscrites en pensant qu'elles allaient tester les LittleCubes, et non participer à un hackathon. Bien que je ne sois pas sûr de ce que j'aurais pu faire pour prévenir cela, nous avons heureusement pu clarifier la situation en amont de l'événement, évitant un malaise pendant le week-end.

VII. Réflexion Approfondie et Apprentissages (Regards Réflexifs)

VIII. Mise en Perspective et Prochaines Étapes pour LittleCubes

Les apprentissages et les résultats de ce hackathon vont directement et significativement influencer les prochaines étapes de développement de LittleCubes. Nous avons désormais une approche claire et bien définie pour le passage à 100 utilisateurs, incluant le packaging, les exemples d'exercices, et nous avons déjà un bon nombre d'utilisateurs intéressés. Les discussions sur le remboursement par les assurances nous ont également permis de poser un jalon important pour les démarches que nous prévoyons d'entamer en octobre de cette année. Ce week-end a validé la pertinence de notre approche globale et a renforcé notre détermination à rendre LittleCubes accessible au plus grand nombre, en nous fournissant une feuille de route plus précise pour les mois à venir.