Animation d'Ateliers
Animation d'Ateliers BMC et Wireframing à l'École Hôtelière de Lausanne – Agilité Pédagogique et Facilitation Créative
Compétence(s) principale(s) illustrée(s) : Cette intervention a été une opportunité de mobiliser un large éventail de compétences Innokick, notamment A1/B1 (Empathie) pour comprendre la diversité des projets, A2/B2/C2 (Définition) pour aider à formaliser les idées, A3/B3/C3 (Idéation) pour stimuler la créativité, A4/B4/C4 (Prototypage) pour la mise en œuvre d'outils agiles, et A6/B6 (Communication) dans l'animation et le feedback.
I. Introduction et Contexte de l'Intervention
Au cours de la semaine dernière, j’ai eu l’occasion d’animer un atelier pour vingt-huit étudiants du Bachelor de l’École hôtelière de Lausanne (EHL). Répartis en treize groupes, ils travaillaient chacun sur un projet entrepreneurial distinct. Mon objectif était de leur faire découvrir deux outils essentiels pour structurer leurs idées et avancer vers un MVP (Minimum Viable Product) : le Business Model Canvas (BMC) et le wireframing.
II. Situation (Préparation et Déroulement de la matinée)
- Préparation en Amont (Illustrant A1/B1 Empathie) :
J'ai soigneusement préparé mon contenu en amont, en cherchant des exemples concrets pour illustrer chaque bloc du BMC et chaque étape du wireframing. Cette phase préparatoire a nécessité un réel effort d'empathie (
A1/B1), car je devais anticiper la grande diversité des projets étudiants. Certains s'orientaient vers des produits alimentaires (comme une boisson non alcoolisée), d'autres vers des plateformes numériques (une application d'apprentissage par IA), tandis que d'autres encore proposaient des concepts de food-trucks mobiles ou des innovations hôtelières. Chaque groupe arrivait avec un bagage et des problématiques très différents, et mon plan de cours visait à ce que chacun puisse y trouver des éléments pertinents et actionnables.
- Atelier Business Model Canvas (Illustrant A2/B2/C2 Définition et A4/B4/C4 Prototypage) :
Une fois en salle, j'ai commencé par une présentation rapide et concise du Business Model Canvas : ses neuf blocs et sa capacité à offrir une vue d'ensemble d'un modèle d'affaires. En une dizaine de minutes, j'ai montré comment cet outil permet de cartographier, d'un seul coup d'œil, l'ensemble d'une activité, du segment client à la structure de coûts. Cette partie répondait bien à une logique de définition (
A2/B2/C2), aidant les étudiants à formaliser leurs problématiques et à identifier leurs opportunités.
Ensuite, je les ai invités à remplir leur propre Canvas directement sur FigJam. Je n'ai délibérément pas fait de tutoriel pour l'outil, leur donnant simplement un lien et les laissant explorer. J'ai été positivement surpris de voir avec quelle spontanéité et rapidité ils se sont approprié FigJam. Une enseignante présente, plus habituée aux supports papier, a traversé la salle, visiblement étonnée de l'aisance avec laquelle les étudiants manipulaient l'outil numérique, m'avouant sa propre appréhension face à de tels outils. De mon point de vue, en lien avec les compétences
A4/B4/C4 (prototyper et sélectionner des ressources adéquates), c'était très satisfaisant de constater que la dimension agile et interactive de l'outil était immédiatement comprise et adoptée par ce public.
Un incident amusant et révélateur est survenu : un des groupes, craignant qu’on leur “vole” leur concept, a choisi de masquer une partie de son Canvas avec un gros emoji. Sur le coup, j'ai trouvé cela drôle et original. Voyant leur confiance et le fait que d'autres étudiants semblaient plus en difficulté, j'ai préféré concentrer mon attention sur ceux qui avaient besoin d'aide plutôt que d'intervenir sur ce point spécifique. Avec du recul, j’aurais pu aborder plus tard l’idée qu’exposer brièvement son modèle est souvent plus bénéfique que risqué, l'exécution primant sur l'idée. C'est une situation relevant de
A2 (gérer les divergences et les besoins) et C1 (interagir avec diverses parties prenantes). J'ai choisi de respecter leur besoin de confidentialité, même si cela pouvait freiner l'échange d'idées.
Après l'atelier BMC, j'ai demandé à quelques groupes d'exposer leurs résultats. C'était instructif : certains lisaient leurs notes face à l’écran, manquant parfois de structuration, mais tous se prêtaient volontiers au jeu. Leur enthousiasme était palpable, contrastant parfois avec un manque de technique oratoire. Je suis alors intervenu pour leur donner quelques conseils concis sur la posture et la clarté du discours, touchant ainsi à la compétence
A6/B6 (communiquer de manière adéquate).
- Atelier Wireframing (Illustrant A3/B3/C3 Idéation et A1/B1 Empathie) :
La seconde partie du cours portait sur le wireframing. Pour introduire le sujet et dédramatiser l'aspect "dessin", j'ai commencé par un exemple volontairement simpliste et pas très esthétique. Le premier groupe que j'ai interrogé pour une démonstration live travaillait sur un concept de boissons alcoolisées désalcoolisées, où le contenant d'origine était réutilisé. Lorsque je leur ai demandé de décrire leur parcours utilisateur, ils ont commencé par le "sabrage du champagne". J'avoue avoir été un peu décontenancé, étant plus habitué à dessiner des interfaces d'applications que des services événementiels. J'ai néanmoins joué le jeu et dessiné sur Excalidraw une scène de sabrage, mon esquisse d'une bouteille ressemblant d'ailleurs davantage à un bécher de laboratoire, ce qui a provoqué un fou rire général et a largement détendu l’atmosphère. J'ai poursuivi, et nous avons réussi à cartographier l'ensemble de leur expérience utilisateur : un client organisant un événement (mariage) contacte un lieu de réception, qui achète ces champagnes désalcoolisés à la startup, les propose, puis effectue le sabrage cérémonial. Même si c'était un défi de visualiser ce service, le fait que j'aie dessiné "n'importe quoi" avec assurance a donné confiance aux étudiants : ils ont compris qu'ils n'étaient pas obligés de produire des dessins parfaits, mais plutôt des croquis rapides pour communiquer une idée. Cette posture d’ouverture et cette volonté de se lancer malgré l'imperfection (
A3/B3/C3) étaient cruciales. J'ai insisté sur l'importance de se focaliser sur les flux et non sur l'esthétique.
J’ai ensuite lancé un atelier où chaque groupe devait définir en dix minutes ses trois écrans ou étapes clés, puis disposait d'une vingtaine de minutes pour les dessiner. C'est là que j'ai circulé pour répondre aux blocages. Le plus grand blocage était souvent de simplement commencer : ils ouvraient Excalidraw, dessinaient un carré, puis restaient perplexes. J'ai dû intervenir auprès de nombreux groupes pour les débloquer. Par exemple, une équipe travaillant sur des accessoires de mode magnétiques (ne nécessitant pas de modifier les vêtements) n'arrivait pas à démarrer son wireframe. Je leur ai proposé de dessiner un web-shop pour vendre leurs accessoires. En discutant de leurs références, ils ont mentionné apprécier l'onglet "tendances" de Zalando qui permet d'acheter des "vibes" plutôt que des types de vêtements spécifiques. Ils ont pris cette idée comme inspiration et l'ont intégrée dans leurs wireframes. On voyait très clairement la compétence
A1/B1 (empathie) en œuvre, car je devais comprendre leurs craintes et leurs besoins spécifiques pour les guider.
J'ai cependant rencontré une limite logistique : contrairement au BMC sur FigJam qui centralisait les travaux, j'ai laissé chaque groupe dessiner dans son coin sur Excalidraw. Au moment de récupérer leurs productions, j'ai dû leur demander d'envoyer chacun un lien par mail, ce qui était un peu fastidieux. J'ai réalisé qu'il serait plus efficace de prévoir un espace partagé ou un canal unique pour collecter les wireframes, améliorant ainsi la mise en œuvre (
A6/B6/C6).
- Conclusion et Partage d'Expérience (Illustrant A5/B5/C5 Évaluation) :
Quand tout le monde a terminé, j’ai fait un petit rappel de mes expériences passées – chez KiwiBot, chez Google – pour montrer qu’un prototype rapide peut parfois générer des résultats inattendus, mais que si la communication avec les parties prenantes n’est pas bien gérée (typiquement un manager ou un VP qui découvre un “nouveau bouton” trop tard), tout peut s’écrouler. J’ai senti que ce récit illustrait parfaitement la compétence
A5/B5/C5 : évaluer les risques, les impacts et la performance d’un projet en tenant compte des réalités humaines et organisationnelles.
Au final, la conclusion du cours m’a semblé un peu en demi-teinte : j’ai terminé sur l’exemple Google, puis j’ai rapidement lancé un “des questions ?” avant de laisser chacun repartir. Je pense que j’aurais pu faire un résumé plus structuré, rappelant l’articulation entre BMC et wireframing, et invitant les étudiants à poursuivre leurs itérations. Là -dessus, je vois clairement que j’ai encore à progresser sur la conclusion d’un atelier (toujours
A6/B6, l’art de boucler en clarifiant la suite).
III. Problème(s) / Défi(s) Rencontrés (Pendant votre intervention)
Outre la gestion de la confidentialité pour un groupe et la logistique de récupération des wireframes, le principal défi a été de maintenir un niveau d'énergie et d'adaptation constant face à la diversité des projets et des niveaux de maturité des étudiants sur ces outils. La gestion du temps pour chaque section était également un exercice d'équilibre.
IV. Ressources Mobilisées
J'ai utilisé un support de présentation structuré, des exemples concrets tirés de mes expériences, et les outils FigJam et Excalidraw pour les parties pratiques. L'enthousiasme et la participation active des étudiants ont été une ressource essentielle qui a dynamisé l'atelier.
V. Actions Mises en Place (Vos actions en tant qu'intervenant)
Mes actions clés ont été la préparation en amont pour adapter le contenu, la présentation structurée des concepts, l'animation d'ateliers pratiques avec démonstration live et accompagnement individualisé, le partage d'expériences personnelles pour illustrer les propos, et la facilitation d'échanges et de présentations étudiantes.
VI. Résultats Obtenus (et Écarts)
Le feedback global fut positif. Les enseignants ont apprécié la dimension « terrain récent » que j’apportais. Certains étudiants m’ont dit qu’ils n’avaient jamais rencontré le BMC auparavant, alors qu’ils sont en cursus business, et ont trouvé cela très utile pour clarifier leur proposition de valeur. D’autres ont souligné la force du wireframing pour aligner la vision au sein même de leurs groupes, plutôt que de passer des heures à débattre de manière abstraite. J'ai eu la satisfaction de voir les étudiants s'approprier rapidement les outils et commencer à produire des artefacts concrets pour leurs projets.
VII. Réflexion Approfondie et Apprentissages (Regards Réflexifs)
- Regard Technique (sur les contenus transmis) : La démonstration live de wireframing, même avec un exemple atypique et un dessin imparfait, a été très efficace pour décomplexer les étudiants et leur montrer l'accessibilité de la méthode (A3/B3/C3). Le BMC a servi de bon outil de structuration initiale.
- Regard Social/Relationnel (interaction avec les étudiants, empathie C1) : L'ambiance a été détendue et participative. Ma capacité à comprendre rapidement les blocages des étudiants (comme le simple fait de commencer un wireframe) et à leur proposer des pistes concrètes (comme s'inspirer de Zalando pour le groupe d'accessoires) a été un point fort. La gestion du groupe "confidentiel" a été un exercice d'équilibre entre respect de leur choix et promotion d'une culture de partage.
- Regard sur l'Apprentissage (pour moi personnellement) :
Cette intervention m'a confirmé l'importance de l'empathie (
A1/B1) dans la préparation et l'animation d'ateliers : se mettre à la place des participants pour anticiper leurs besoins et leurs questions est essentiel. J'ai aussi renforcé ma conviction que l'apprentissage par l'action et la démonstration concrète sont très puissants. La gestion du groupe "confidentiel" m'a fait réfléchir à la manière d'aborder plus explicitement la culture du partage et du feedback dans l'innovation. Enfin, j'ai identifié des axes d'amélioration clairs pour la logistique de collecte des travaux et la structuration de la conclusion de l'atelier.
VIII. Mise en Perspective et Prochaines Étapes
Ce cours à l'EHL a été une très belle occasion d’exercer et de transmettre des compétences liées à l’empathie, la définition, l’idéation et le prototypage rapide. Je vois encore clairement mes marges d’amélioration dans la conclusion de séance, la gestion centralisée des wireframes, et la sensibilisation à l’esprit de partage. Mais j’ai la satisfaction d’avoir soutenu le développement de projets divers, en montrant concrètement que quelques outils bien choisis peuvent grandement accélérer la création d’un MVP et la clarification d'une vision. Je chercherai à intégrer ces apprentissages dans mes futures interventions pédagogiques.